Sommaire

1-  C’est quoi l’allergie alimentaire

2- Diagnostic des allergies alimentaires 

3- Le traitement médicamenteux des allergies alimentaires

4- Le régime alimentaire paléo détox d’élimination : quelle place ?

Points forts à retenir

Références 

Auteurs

1- C’est quoi l’allergie alimentaire :

L’allergie alimentaire est une réaction immunitaire de l’organisme face à un composant issue de l’alimentation (protéine, enzyme ou autre)  qui peut initier une réaction allergique inflammatoire initié par les cellules immunitaires appelée polynucléaires basophiles et les mastocytes qui se lient aux anticorps IGE.  L’allergie inflammatoire chronique résulte d’une activation des lymphocytes T, polynucléaires éosinophiles et basophiles [1].

Cette inflammation se traduit par la suite par des symptômes cutanés : (d’éruption, de picotement, eczéma, psoriasis), digestifs (de nausées, vomissement, douleurs gastro-intestinales, démangeaison, malaise), des symptômes respiratoires (dyspnée, gonflement de la gorge)  parfois les symptômes peuvent évoluer vers un choc anaphylactique (baisse de la pression artérielle, arrêt cardiaque) qui présente un risque de mort.

Les allergies alimentaires sont prévalentes surtout chez les personnes qui présentent des maladies auto-immunes.

L’intolérance est une difficulté du tube digestif à assimiler un aliment. Les symptômes seront purement digestifs (maux de ventre, ballonnement, diarrhée, régurgitation). L’intolérance au lactose est la plus connue et atteint 8 % de la population générale. L’intolérance, elle, ne met pas du tout en jeu le système immunitaire.

Exemples d’allergies et intolérances communes  [2,3].

2- Diagnostic des allergies alimentaires :

Le diagnostic des allergies se fait en première étape par un challenge de consommation des aliments allergènes et le médecin spécialiste allergologue peut évaluer le degré et la sévérité des symptômes associés à l’ingestion de ces allergènes. Puis la confirmation de diagnostic se base essentiellement sur la détection immunologique des anticorps IGE libérés par les lymphocytes B matures. Les paramètres de diagnostic par ce test dépendent de l’âge ainsi que l’allergène en question [4].

D’autres tests peuvent confirmer le diagnostic comme le test de contact cutané (sprick skin testing) qui vise à mettre en contact direct avec la peau plusieurs substances allergènes pour évaluer les réactions allergiques qui se traduisent généralement par un gonflement au niveau de la zone de contact. Une réaction qui dure plus de 3 minutes est considérée comme positive. Ce test est très efficace et il permet de diagnostiquer 90 pourcent des cas [5].

Le test de dosage des IGE dirigées vers des molécules allergènes bien déterminées (CRD test dirigé vers des allergènes bien déterminés) est le test le plus efficace dans la détection des allergies spécifiques comme les cacahuètes. Il se base sur la purification des molécules allergènes et leur introduction dans le corps afin de doser les IGE spécifiques [6].

3- Le traitement médicamenteux des allergies alimentaires :

Malheureusement jusqu’à aujourd’hui il n’existe pas un traitement médicamenteux exclusif approuvé par la FDA( food and drug administration)  pour les allergies alimentaires. Toutefois, Votre médecin peut prescrire des médicaments qui soulagent les symptômes :

• Les antihistaminiques,
• Les anti-inflammatoires non stéroïdiens,
• Les corticoïdes.

En cas de choc anaphylactique : l’injection l’épinéphrine, aussi appelée adrénaline. Soulage-les symptômes.

L’immunothérapie orale (IOT) et l’immunothérapie sublinguale (SLIT)  :

Il s’agit d’une thérapie sublinguale ou orale qui introduit une dose d’un allergène bien déterminé dans l’organisme afin d’augmenter la tolérance du système immunitaire à cet allergène. L’efficacité de cette technique a été évaluée dans une étude clinique contrôlée, randomisée et publiée dans le journal de Allergy and clinical immunology qui porte sur 29 patients atteints d’allergies alimentaires aux cacahuètes. Les patients ont été subdivisés en 3 groupes. Le 1 groupe(n=16) qui a été traité par une dose de 5000 mg d’extrait de cacahuète (l’équivalent de 20 cacahuètes). Le groupe 2 (n=9) a été traité par une dose de 280 mg, le groupe 3 a reçu un placébo, les résultats ont montré une réduction significative dans le taux d’interleukines 5 et IL 13 et les IGG spécifiques aux cacahuètes dans le groupe 1 par rapport au placébo[7]. Toutefois, quelques réactions gastro-intestinales et systémiques ont été rapportés qui nécessitent l’injection d’épinéphrine. Des études cliniques supplémentaires à grande échelle doivent être faites pour confirmer la sécurité et l’efficacité de cette technique.

4- Le régime alimentaire paléo détox d’élimination : quelle place ?

La seule solution pour les allergies alimentaires et les intolérances est d’identifier l’agent en cause et éviter sa consommation. Cette solution s’appelle le régime d’élimination. Par exemple, si vous avez une allergie au gluten et à la caséine, vous devez éliminer les aliments à base de blé et de lait de vache.

Si vous avez plusieurs allergies alimentaires et que vous ne savez pas comment faire. Le régime paléo –auto-immun (Detox) est pour vous :

Ce protocole contient 3 phases :

• Une phase de préparation & d’apprentissage (1 à 3 semaines)
• Puis une phase d’élimination (2 à 3 mois)
• Et enfin, une phase de réintroduction

Ce protocole vise à régénérer la paroi intestinale et équilibrer le fonctionnement du système immunitaire pour établir une tolérance aux aliments allergènes.

La phase d’élimination englobe l’élimination de tous les aliments qui contiennent des potentiels allergènes : lait, œuf, céréales, légumineuses, légumes qui appartiennent à la famille des solanacées, les noix, les glucides raffinée, les colorants et les arômes artificiels, les huiles végétales hydrogénés (soja, maïs, canola, coton, palme), ainsi ce protocole encourage l’élimination de l’alcool, du tabac et des médicaments (les AINS les anti-inflammatoires non stéroïdiens).

En même temps le régime encourage la consommation des légumes biologique issue d’agriculture biologique, de la viande issue d’élevage naturel (viande de mouton, poisson sauvages, volailles)  les tisanes (lavande, menthe poivrée, camomille) des lipides sains (huile d’olive, huile de coco, beurre ou fromage de brebis), des édulcorants naturels comme (le sucre de datte, la stévia)  avec l’adoption des aliments fermentés comme (le miso, le vinaigre de kombucha, le kimchi) et le bouillon d’os riche en collagène. Ce régime encourage la consommation modérée de fruits à index glycémique bas (1 à 2 portions par jour).

La phase de réintroduction commence petit à petit avec un intervalle de 4 semaines entre chaque aliment pour laisser le temps aux patients d’identifier l’aliment qui déclenche les symptômes.

L’introduction se fait par la consommation de petites quantités de l’aliment (1 cuillère à soupe) plusieurs fois par jour puis éviter sa consommation pendant le reste de la semaine. Si l’aliment en question ne provoque aucun symptôme, vous pouvez consommer des quantités plus larges. Si vous n’avez pas encore de symptômes, vous pouvez alors introduire l’aliment.

Études cliniques :

Une étude clinique publiée dans le journal de Allergy and clinical immunology et qui porte sur 23 patients atteints d’allergies alimentaires (13 allergies ont été identifiées)   a exploré l’effet du régime d’élimination sur la tolérance immunitaire.  Les patients ont suivi un régime d’élimination stricte pendant 1 an, 38 pourcent d’eux ont réintroduit les aliments après un an sans l’expérience des intolérances alimentaires ou des réactions allergiques associées [8]. 

Les allergies alimentaires ou plutôt les intolérances sont très prévalent dans les pathologies fonctionnelles du tube digestif comme la colopathie fonctionnelle). Il a été démontré que le régime d’élimination peut soulager les problèmes digestifs associés aux intolérances.  Selon une étude clinique randomisée et publiée dans le journal de inflammatory boil diseases qui porte sur des personnes atteintes de syndrome d’intestin irritable ou colopathie fonctionnelle, les résultats ont montré que les symptômes s’améliorent généralement après 3 semaines et jusqu’à 3 mois de l’adoption du protocole du régime paléo auto-immune [9].

Précautions

Le régime d’élimination doit être fait avec précaution sous la surveillance d’un professionnel de santé ( nutritionniste, médecin) car l’élimination de plusieurs catégories d’aliments pendants de longues périodes peut contribuer à des carences multiples en vitamines  et en sels minéraux,  Selon une étude cliniques  publiée dans le journal de Nutrition Research et qui a évalué le statut nutritionnel de patients atteints de dermatite atopique et qui ont suivis un régime d’élimination. Les chercheurs ont trouvé que les patients allergiques au lait présentent des carences notables en Calcium, Zinc, et vitamine B2, les patients allergiques aux œufs présentent des carences en  vitamines A, B₁, B₂, niacine, et  cholestérol., Les patients allergiques au poulet et au bœuf présentent des carences en Fer . Plusieurs patients sont déficients en vitamine C . Les chercheurs de l’article affirment que les régimes d’élimination stricts peuvent  engendrer des carences et si certains aliments induisent des symptômes modérés , les patients sont encouragés à réduire la quantité  sans élimination totale de l’aliment surtout si cet aliment présente une densité nutritionnelle importante [10].

Références :

[1] Valenta R, Hochwallner H, Linhart B, Pahr S. Food allergies: the. Gastroenterology. 2015;148(6):1120-31.e4. doi:10.1053/j.gastro.2015.02.006.
[2] Seth D, Poowutikul P, Pansare M, Kamat D. Food Allergy: A Review. Pediatr Ann. 2020 Jan 1;49(1):e50-e58. doi: 10.3928/19382359-20191206-01. PMID: 31930423.
[3] Ho MH, Wong WH, Chang C. Clinical spectrum of food allergies: a comprehensive review. Clin Rev Allergy Immunol. 2014 Jun;46(3):225-40. doi: 10.1007/s12016-012-8339-6. PMID: 23229594.
[4] Sicherer SH, Sampson HA. Food allergy: epidemiology, pathogenesis, diagnosis, and treatment. J Allergy Clin Immunol. 2014; 133(2):291-307.
[5] Sicherer SH. Food allergy. Mt Sinai J Med. 2011;78(5):683-696.
[6] Calamelli E, Liotti L, Beghetti I, Piccinno V, Serra L, Bottau P. Component-Resolved Diagnosis in Food Allergies. Medicina (Kaunas). 2019;55(8):498. Published 2019 Aug 18. doi:10.3390/medicina55080498.
[7] Varshney P, Jones SM, Scurlock AM, et al. A randomized controlled study of peanut oral immunotherapy: clinical desensitization and modulation of the allergic response. J Allergy Clin Immunol. 2011;127(3):654-660.
[8] Pastorello EA, Stocchi L, Pravettoni V, Bigi A, Schilke ML, Incorvaia C, Zanussi C. Role of the elimination diet in adults with food allergy. J Allergy Clin Immunol. 1989 Oct;84(4 Pt 1):475-83. doi: 10.1016/0091-6749(89)90360-6. PMID: 2794292.
[9] Konijeti GG, Kim N, Lewis JD, et al. Efficacy of the Autoimmune Protocol Diet for Inflammatory Bowel Disease. Inflamm Bowel Dis. 2017;23(11):2054-2060. doi:10.1097/MIB.0000000000001221.
[10] Kim J, Kwon J, Noh G, Lee SS. The effects of elimination diet on nutritional status in subjects with atopic dermatitis. Nutr Res Pract. 2013;7(6):488-494. doi:10.4162/nrp.2013.7.6.488.
Autres sources :
https://www.healthline.com/nutrition/aip-diet-autoimmune-protocol-diet#foods-to-eat-avoid.

Auteurs

 

DR. Ben Rejeb Charfeddine

MD , Nutritionist, Naturopathe, Fondateur Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN)

Chibani Salim

Chercheur en biologie moléculaire et cellulaire

Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN)