Dysfonctionnement érectile : Causes et Traitements

Sommaire

1- C’est quoi le dysfonctionnement érectile (DE)

Le dysfonctionnement érectile est une forme d’impuissance sexuelle qui se caractérise par la présence de difficultés d’érection et du maintien de l’érection de l’organe sexuel mâle qui est nécessaire pour avoir des rapports sexuels normaux. Elle peut affecter la qualité de vie et l’aspect relationnel du patient. Elle affecte aussi la psychologie, conduisant à une anxiété, une dépression et un manque de confiance en soi.

2- Les symptômes du dysfonctionnement érectile 

  • Incapacité d’érection normale
  • Difficulté à maintenir une érection
  • Des troubles d’éjaculation (associées)
  • Baisse de désir sexuel (associée)

3- La prévalence du dysfonctionnement érectile 

Il est estimé que la prévalence dU dysfonctionnement érectile est de l’ordre de 12 millions aux États unis [1]. Une étude épidémiologique multicentrique qui porte sur des hommes âgés (40 à 79 ans), a rapporté une augmentation de la prévalence de dysfonction érectile allant de 6 % à 64 % avec une augmentation significative de 30 pourcents avec l’âge [2,3].
                                     

Prévalence du dysfonctionnement érectile en Europe selon la tranche d’âge

Plusieurs études épidémiologiques ont rapporté que les individus atteints de dysfonctionnement érectile sont souvent atteints de plusieurs comorbidités telles que les infections des voies urinaires inférieures chez les hommes atteints d’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) ; diabète, hypertension, obésité, dyslipidémie [3].

4- Les causes du dysfonctionnement érectile 

4-1- Physiopathologie 

L’érection est la contraction musculaire de l’organe sexuel mâle qui est régulée par 2 types de contrôles neurologiques

  • Un contrôle adrénergique par l’intermédiaire de la noradrénaline
  • Un contrôle myogénique intrinsèque grâce à des facteurs de contraction dérivés de l’endothélium (prostaglandine et endothélines)
  • Le contrôle neurologique sympathique est d’origine thoraco-lombaire, est assuré par le nerf splanchnique
Pour simplifier le processus de l’érection, il est subdivisé en 4 étapes essentielles : 
  • Etape 1 : La stimulation sexuelle entraîne la sécrétion de l’oxyde nitrique (NO) par les fibres nerveuses non adrénergiques non cholinergiques (NANC) et la sécrétion de l’acétylcholine par les fibres nerveuses cholinergiques parasympathiques [4]. Cette étape est généralement altérée chez les personnes souffrant d’un déséquilibre dans la production des neurotransmetteurs, qui est souvent associé à une pathologie neurologique comme la sclérose en plaque et la maladie d’Alzheimer [5].
  • Etape 2 : L’oxyde nitrique et l’acétylcholine vont activer la voie de signalisation intracellulaire qui entraîne une augmentation des concentrations de GMP cyclique (cGMP) et une diminution intracellulaire des niveaux de Ca2+ [6]. Cette étape de signalisation est altérée par un stress oxydatif excessif dans l’organisme qui inhibe l’activation de GMP cyclique dans l’organisme [7].
  • Etape 3 : L’augmentation de GMP cyclique et la baisse de calcium provoque une relaxation des cellules musculaires lisses
  • Etape 4 : C’est l’étape de la vasodilatation et le blocage de retour veineux : La relaxation des cellules musculaires lisses permet l’ouverture des espaces sinusoïdes qui se remplissent de sang artériel. Lorsque les espaces sont remplis, la compression des veines sous-albuginéales va s’opposer à la sortie du sang et permettre d’obtenir la rigidité du pénis (mécanisme veino-occlusif). Les cellules endothéliales qui tapissent la surface des espaces sinusoïdes sont étirées par ce remplissage et sécrètent du NO, qui participe au maintien de l’érection. La production de l’oxyde nitrique est souvent altérée chez les personnes qui souffrent de dysfonctionnement endothélial associé à une maladie métabolique comme le diabète ou une maladie cardiovasculaire [8]. Le dysfonctionnement érectile peut survenir lorsque l’un de ces processus est interrompu.

                               

Un schéma qui explique la physiologie de l’érection

4-2- Causes 

Les causes de dysfonctionnement multiples, elles sont subdivisées en 5 types : Causes vasculaires, causes neurologiques, causes hormonales, Causes psychologiques, causes médicamenteuses.

  •  Causes vasculaires :

Les maladies métaboliques comme le diabète et l’hypertension provoquent une altération de la fonction endothéliale et un stress oxydatif conduisant à une sténose vasculaire. Cette sténose conduit à une diminution de l’oxygénation des corps caverneux, ce qui provoque une diminution dans la production de la prostaglandine E1, et une augmentation dans la formation de collagène, entraînant une diminution de l’élasticité du pénis. Ces mécanismes vont affecter négativement la production de l’oxyde nitrique et la veine occlusion qui est nécessaire dans le maintien d’une érection normale [9]. Plusieurs études ont montré l’association entre le diabète, l’hypertension et le DE. En effet, selon une méta-analyse publiée dans le journal de diabètes médecine, qui inclut 145 études examinant 88000 patients, les résultats ont montré que la prévalence de dysfonctionnement érectile est de l’ordre de 52 pourcents chez les diabétiques [10]. Selon un Review publié dans le journal de current opinion in néprhrology and hypertension, il existe une association entre l’hypertension et la prévalence de dysfonctionnement érectile. 30 pourcents des patients hypertendus décrits dans l’article souffrent de dysfonctionnement érectile [11].

  • Causes neurologiques :

La première étape de l’érection nécessite un stimulus nerveux par l’adrénaline et l’acétylcholine. On voit clairement que le déséquilibre dans la production de ces neurotransmetteurs peut affecter négativement la neurotransmission et un blocage dans l’activation de la GMP cyclique. Dans certaines maladies neurologiques comme la sclérose en plaque, la maladie de parkinson, et certains traumatismes crâniens, la dégénérescence des disques intervertébraux lombaires peuvent altérer le contrôle nerveux de l’érection. Il a été démontré que les lésions sacrées S2–S4 provoquent des altérations fonctionnelles dans les nerfs qui sont responsables de l’innervation de l’organe sexuel mâle [12].

  • Causes hormonales :

Les hormones androgènes et surtout la testostérone jouent un rôle essentiel dans la production de l’oxyde nitrique, qui est nécessaire pour la vasodilatation et le maintien de l’érection au niveau de l’organe sexuel mâle. Des études in vivo chez les rats ont montré que la castration (l’ablation des testicules) entraîne une baisse dans le niveau de testostérone et éventuellement une perturbation dans l’érection [13]. Selon un article publié dans le journal de urology, la testostérone participe à l’érection par l’intermédiaire d’autres mécanismes comme l’inhibition de la phosphodiestérase de type 5 qui va activer la GMP cyclique (l’étape 2 de l’érection) [14].

  • Causes psychologiques :

Les causes psychosociales sont souvent impliquées dans la physiopathologie de troubles de l’érection. La cause la plus commune est l’anxiété liée à la peur de la performance [15]. D’autres pathologies mentales peuvent être associées avec le dysfonctionnement érectile comme la dépression et l’anxiété [16].

  • Causes médicamenteuses :

Certains médicaments comme les inhibiteurs de pompes à protons, les antidépresseurs, les antihistaminiques et les statines peuvent causer un dysfonctionnement érectile [17]. Les statines en particulier entraînent une baisse de la testostérone dans le sang et une perturbation dans la synthèse de l’oxyde nitrique.

5- Diagnostic du dysfonctionnement érectile 

Le diagnostic du dysfonctionnement érectile se fait exclusivement chez un médecin. L’examen commence par un interrogatoire pour identifier :

  • Les troubles du désir, libido 
  • Les troubles de l’éjaculation 
  • Les troubles de l’érection 
  • Les troubles de l’orgasme.
Le bilan biochimique du sang est obligatoire, il inclut :
  • Un bilan glycémique pour identifier les troubles dans la régulation de la glycémie ;
  • Un bilan rénal (créatinine) ;
  • Un bilan hépatique (AST, ALT) ;
  • Un bilan hormonal pour identifier des déficiences en testostérone et de la prolactine.

Autres examens complémentaires :

  • Le test combiné d’injection et de stimulation intracaverneux ou test CIS,
  • Le test Color Doppler Ultrasound (ce test permet d’évaluer les artères au niveau de l’organe sexuel mâle),
  • Cavernosometry et cavernographie : (injection de produits vasoactifs dans l’organe sexuel mâle) : peu pratiquée.

  6- Traitement 

Le traitement médicamenteux peut inclure :

  • Des substances vasoactives;
  • Un traitement par des inhibiteurs de Phosphodiestérase 5 ;
  • Un traitement par les activateurs de GMP cyclique ; nitrates, Nesiritide, les analogues de NP/anaritide and carperitide  les stimulateur de SGC ( riocyguat ) , les activateurs de SGC ( cianocyguat )
  • Un traitement hormonal à base de testostérone.

Le traitement chirurgical : Prothèse pénienne.

7- Place de la médecine intégrative

Dans un contexte de prévalence croissante des maladies chroniques (cardiopathies, cancers, diabète, obésité, etc…) et corollairement de diminution de la qualité de vie des populations et d’augmentation des inégalités de santé, la place de la prévention au sein de la pratique médicale n’a cessé de prendre de l’ampleur, au cours des dix dernières années. Située au cœur de la médecine 4 P intégrative (prédictive, préventive, personnalisée et participative), et vu que certains patients trouvent des difficultés pour suivre une hygiène de vie saine, l’éducation du patient, permet de les rendre conscients et les informés de leur maladie, ce qui est nécessaire pour réduire le risque des complications futures.  Le traitement de première intention du dysfonctionnement érectile est d’ordre hygiénodiététique. C’est pour cela, consultez un médecin qui pratique la médecine intégrative peut servir que du bon pour le malade.

Le traitement en médecine intégrative doit tenir compte des paramètres physiopathologiques  suivants

  • Le traitement des causes endocrines par la correction du niveau de testostérone par l’augmentation de taux des acides gras oméga 3 et du cholestérol sain dans l’alimentation, une alimentation équilibrée comme le régime méditerranéen peut satisfaire ces besoins. Le sport est nécessaire pour l’augmentation des taux de testostérone.
  • Le traitement de la perturbation de la voie de signalisation GMPc par le rétablissement du statut antioxydant du corps (glutathion, vitamine C, E, D).
  • Le traitement du dysfonctionnement endothélial vasculaire par le traitement des pathologies associées comme le diabète et l’hypertension (magnésium, chrome, régime alimentaire faible en sucre raffiné).
  • Le traitement de déséquilibre dans la production de l’acétylcholine par un régime riche choline (abats, œufs).
  • Optimisation de la production de l’oxyde nitrique par la correction des apports en magnésium [18] et la consommation de probiotiques.
  • La prise en charge psychologique et l’adoption d’une activité physique régulière pour augmenter la confiance en soi.

Points forts à retenir

  • Le dysfonctionnement érectile est une pathologie prévalente surtout chez les personnes atteintes de désordres métaboliques (diabète et hypertension).
  • Le dysfonctionnement érectile est associé à une anxiété et une dépression.
  • La prévalence du dysfonctionnement érectile en Europe augmente avec l’âge de 6 % à 64 %.
  • L’érection sur le plan physiologique est contrôlée par le système nerveux central grâce à l’acétylcholine, l’adrénaline et les facteurs endothéliales (NO, prostaglandines).
  • L’érection se déroule en 4 étapes : elle débute par une stimulation nerveuse sympathique par le nerf splanchnique et finit par une vasodilatation et blocage du retour veineux (veino occlusion).
  • Toute perturbation dans l’une des étapes de l’érection peut contribuer au dysfonctionnement érectile.
  • Les causes du dysfonctionnement érectile sont multiples, elles sont d’ordre : psychologiques, vasculaires, hormonales, et neurologiques.
  • La médecine intégrative vise à identifier les causes et les traiter en profondeur en se basant sur la nutrithérapie et l’hygiène de vie.

Références 

[1] Faysal A. Yafi,1 Lawrence Jenkins,2 Maarten Albersen,3 Giovanni Corona,4 Andrea M. Isidori,5 Shari Goldfarb,6 Mario Maggi,7 Christian J. Nelson,6 Sharon Parish,8 Andrea Salonia,9 Ronny Tan,10 John P. Mulhall,2 and Wayne J. G. Hellstrom1 Erectile dysfunction Nat Rev Dis Primers. Author manuscript; available in PMC 2017 Feb 4. Published in final edited form as: Nat Rev Dis Primers. 2016; 2: 16003. Published online 2016 Feb 4. doi: 10.1038/nrdp.2016.3.
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Auteurs

  • DR. Ben Rejeb Charfeddine

         MD , Nutritionist, Naturopathe, Fondateur Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN)

  • En collaboration avec  Chibani Salim Chercheur en biologie moléculaire et cellulaire.

 

 

A propos de DR BEN REJEB C 124 Articles
Gynécologue obstétricien , Nutritionniste, ,Naturopathe,Directeur de l’academie des sciences, Fondateur de l’école Panafricaine de Naturopathie, de Netschool1 , de UNIVERSIALIS , cofondateur EVE Fertility Center