Les compléments antidouleur articulaires

Objectif : mettre l’accent sur l’utilité des compléments, la glucosamine et la chondroïtine dans la réduction des symptômes de maladies articulaires.

Sommaire :

 

Selon la littérature scientifique, il existe deux molécules prometteuses contre les maladies articulaires qui sont la glucosamine et la chondroïtine.

1- La glucosamine 

1-1. Définition :

La glucosamine est une molécule naturelle (amino saccharide) synthétisée par l’organisme à partir du glucose et de la glutamine (c’est un acide aminé). La glucosamine ainsi produite joue un rôle crucial dans le maintien de l’intégrité du cartilage de toutes les articulations par la production des glycosaminoglycanes.

Selon les études scientifiques, la glucosamine ralentit la dégradation du cartilage tout en lubrifiant le liquide synovial. Elle augmente la production de l’acide hyaluronique qui est formé principalement par des unités d’acide glucuronique et de N acétyle glucosamine. En plus, la glucosamine stimule la prolifération des chondrocytes et inhibe l’expression de certains gènes impliquée dans la dégradation du cartilage. 

La glucosamine en complément alimentaire est synthétisée en laboratoire à partir de la chitine extraite de la carapace des crustacés (crevettes, langoustines, crabes, homards). Il se présente généralement sous la forme de sulfate de glucosamine, mais on en trouve également sous la forme de chlorhydrate de glucosamine, 90 pourcent de glucosamine absorbé par les intestins est incorporé dans le cartilage [1].

Malgré le manque des études cliniques qui prouvent que la glucosamine permet de réduire la douleur lombalgique. Il existe des preuves que la glucosamine permet de ralentir la progression de l’arthrose de genou et l’ostéoarthrose en préservant le tissu du cartilage.

1-2. Formule chimique :

 2-amino-2-deoxy-β-d-glucopyranose

1-3. Les études scientifiques sur l’efficacité de la glucosamine dans les troubles articulaires :

Une étude clinique randomisée publiée en Chine a montré des résultats prometteurs dans le traitement de l’ostéo-arthrose de genou avec la glucosamine [2], une autre étude clinique en double aveugle portant sur plus de 400 personnes a montré que la glucosamine possède une efficacité similaire à l’ibuprofène (Motrin) dans la réduction des symptômes de l’arthrose du genou et de l’articulation temporo-mandibulaire [3].

Une étude clinique réalisée en Tchéquie sur 202 patients souffrant d’ostéo-arthrose a montré que le traitement par 1500 mg de glucosamine pendant 3 ans a provoqué une amélioration significative dans les paramètres de la douleur et la raideur articulaire de 26 pourcent et une amélioration dans les scores de WOMAC (Ralentissement fonctionnel de l’arthrose de la hanche) les analyses radiologiques ont montré que le traitement provoque une diminution du rétrécissement dans le compartiment articulaire médiale [4]. 

Une autre étude clinique réalisée en Belgique en 2002 qui porte sur 212 patients a montré que le traitement par 1500 mg de sulfate de glucosamine améliore les scores WOMAC d’amélioration de l’arthrose (score d’évaluation fonctionnel des symptômes de l’arthrose) [5].

Une étude clinique en double aveugle et contrôlée avec placebo qui porte sur 51 patients japonais atteints de polyarthrite rhumatoïde a montré que le traitement par une dose de 1 500 mg par jour chlorhydrate de glucosamine.  Améliorait significativement les symptômes ainsi que les marqueurs de l’inflammation mesurés par des tests biochimiques sanguins [6].

Une méta-analyse qui résume 30 études cliniques randomisées a montré que la glucosamine réduit d’une manière considérable le blocage de la mobilité articulaire. Cependant, la thérapie combinée de glucosamine et de la chondroïtine n’a pas montré une efficacité clinique remarquable dans la réduction des douleurs par rapport au placébo [7].

1-4. Dose sécuritaire et interactions médicamenteuses :

Lorsqu’elle est utilisée en comprimé ou en capsule. La posologie sécuritaire de glucosamine est de 500 mg  3 fois par jour. Toutefois, quelques marques de suppléments peuvent contenir de l’acide aristolochique, une substance qui peut provoquer une toxicité rénale et le cancer [8].

La glucosamine peut interagir avec les médicaments suivants : les anticoagulants comme la WARAFIN et les médicaments hypoglycémiants comme la metformine, ainsi que les médicaments du cancer, en particulier les inhibiteurs de topoisomérase 2. Des interactions mineures ont été rapportées avec l’acétaminophène.

1-5. Pharmacocinétique :

Après administration orale, 90 pourcent de glucosamine est absorbé par le tube digestif. Selon les études de pharmacocinétique réalisées chez le rat, la glucosamine est reliée aux protéines plasmatiques (les globulines) puis transportée vers les organes (foie, rein, intestins, tissus articulaires, etc). Les concentrations sont plus élevées dans le sang. La majeure partie est métabolisée en gaz carbonique facilement éliminé par voie respiratoire, 5 pourcent de glucosamine est éliminé par les urines après 48 heures de la prise par voie orale (Agence nationale de sécurité des médicaments et autres sources).

2- La chondroïtine :

2-1. Définition :

La chondroïtine est une molécule naturellement présente dans le corps et particulièrement dans la matrice du cartilage, sa formule chimique est le glycosaminoglycane qui est formé par une combinaison d’acide glucuronique et de N-acétyl glucosamine. Cette molécule est indispensable pour le maintien d’une hydratation adéquate du cartilage et du tissu conjonctifs. Mais aussi elle protège le tissu cartilagineux contre les espèces réactives d’oxygène. La chondroïtine est chargée négativement, ce qui lui confère une capacité d’interagir avec les protéines de la matrice extracellulaire et de réguler leur activité.

2-2. Formule biochimique :

C14H21NO11 (autres sources)

2-3. Les études scientifiques sur l’efficacité de la chondroïtine dans les troubles articulaires :

Sur le plan biochimique, il a été démontré que la sulfate de chondroïtine (SC) exerce une action anti-inflammatoire (par l’inhibition de la production de NFKB et sa migration vers la membrane synoviale), le SC stimule la synthèse des protéoglycanes et l’acide hyaluronique et diminue l’activité catabolique des chondrocytes ce qui permet d’inhiber la production des enzymes protéolytiques et de l’oxyde nitrique et d’autres médiateurs qui contribuent à la destruction de la matrice extracellulaire du cartilage [9] la chondroïtine joue aussi un rôle dans le maintien de l’intégrité du tissu osseux, les tendons et les tissus conjonctifs [10]. 

Les études sur l’efficacité de la supplémentation avec la chondroïtine dans le traitement de l’arthrose de genou sont contradictoires. Seulement des petits essais ont trouvé des résultats significatifs.

Une étude clinique randomisée publiée dans le journal de Annals rhumatological disease a montré que le traitement par une dose de 800 mg de sulfate de chondroïtine provoque une amélioration significative dans les symptômes de l’arthrose de genou d’une manière plus efficace que le placébo et d’une manière similaire à un médicament de référence (célécoxib) [11].

Une autre étude clinique randomisé sur 307 patients souffrant d’ostéoarthrose a évalué le traitement de 6 mois de sulfate de chondroïtine, les résultats ont montré une amélioration clinique légère dans les symptômes de douleur par rapport au groupe placébo (p<0.044). Par contre, le traitement n’a pas montré une efficacité dans la restauration de la mobilité articulaire [12]. 

Une revue de 43 études cliniques randomisée a montré que le traitement par la chondroïtine a provoqué une amélioration légère dans la douleur ainsi que la qualité de vie des patients [13].

Par contre, une méta-analyse qui résume les résultats de 20 études cliniques randomisées qui portent sur 3849 patients souffrant d’ostéoarthrite de genou a montré que l’efficacité de la supplémentation avec la chondroïtine sur les symptômes est minimale et non significative [14].

Cependant, la qualité des études cliniques est faible et la population étudiée est très hétérogène, ce qui rend l’interprétation des résultats concernant la chondroïtine très difficile.

2-4. Pharmacocinétique :

La chondroïtine est administrée généralement par voie orale à une dose de  800 à 1200 mg par jour. La molécule est rapidement absorbée par le système gastro-intestinal, 10 pourcent atteignent la circulation sanguine sous la forme sulfate de chondroïtine et 90 pourcent sous forme dérivée dépolymérisée.  Chez les souris, la chondroïtine est rapidement absorbée au bout de 15 minutes et éliminée au bout de 3 heures. Chez l’homme, l’absorption est plus lente (8 heures) et la clairance rénale se fait après 16 heures de l’administration avec une demi-vie de 15 heures [15]. La concentration maximale de la chondroïtine atteint le sang après 35 jours d’utilisation journalière. Dans le sang, les dérivées polymérisées de chondroïtine sont liées aux protéines plasmatiques et ils sont transportés vers les organes (reins, rate, foie, cerveau et articulation). Dans les reins et le foie, ces métabolites sont métabolisés par les sulfatases lysosomales puis ils subissent une dépolymérisation par les hyaluronidases et les bêta-glucuronidases. Il faut noter que le sulfate de chondroïtine n’est pas métabolisé par le système de cytochrome P450 dans le foie ce qui diminue son risque d’interaction avec les médicaments [15]. La clairance rénale du sulfate de chondroïtine est de 30.5 ml/min.

2-5. Posologie sécuritaire et interactions médicamenteuses :

Selon les études, des doses de 800 à 1200 mg par jour pendant 2 ans sont sécuritaires. 

La chondroïtine peut interagir avec les médicaments anticoagulants comme la WARAFIN et potentialiser leur effet. Consultez donc votre médecin avant une utilisation de la chondroïtine(autres sources 3).

3- Les études sur la thérapie combinée de glucosamine et de chondroïtine :

Une étude clinique randomisée qui porte sur 1583 patients souffrant d’ostéo-arthrose de genou a montré que la thérapie combinée de 1500 mg de glucosamine associé à 1200 mg de chondroïtine n’a pas provoqué une réduction significative de la douleur [16]. 

Phrase reformulée

Points forts à retenir :

  • La glucosamine est une molécule naturellement produite par le corps à partir d’une molécule de glucose et d’un acide aminé ( la glutamine). Elle intervient dans le maintien de la structure et la fonction de la matrice extracellulaire du Elle assure la lubrification des articulations par la stimulation de la production de l’acide hyaluronique.
  • La chondroïtine est une molécule produite dans la matrice du cartilage à partir de deux précurseurs :l’acide glucuronique et N-acétyl glucosamine, elle intervient aussi dans le maintien de l’intégrité et la structure de tissu cartilagineux. Elle assure une protection des articulations contre les espèces réactives d’oxygène et assure leur hydratation.
  • Les études cliniques randomisées montrent des résultats contradictoires. Certaines études illustrent les bienfaits potentiels de ces molécules sur la douleur et la mobilité articulaire chez les personnes atteintes d’arthrose, de genou et d’ostéo-arthrose.
  • L’usage de la glucosamine et de la chondroïtine pour soigner les problèmes articulaires est conseillé comme thérapie adjuvante.
  • L’usage de ces molécules en tant que traitement exclusif des pathologies articulaires nécessite plus d’études cliniques à grande échelle.

Références :

[1] Setnikar I, Palumbo R, Canali S, Zanolo G. Pharmacokinetics of glucosamine in man. Arzneimittelforschung. 1993;43(10):1109–1113.
[2] Qiu GX, Weng XS, Zhang K, et al. A multi-central, randomized, controlled clinical trial of glucosamine hydrochloride/sulfate in the treatment of knee osteoarthritis [in Chinese]. Zhonghua Yi Xue Za Zhi. 2005;85(43):3067–3070.
[3] Thie NM, Prasad NG, Major PW. Evaluation of glucosamine sulfate compared to ibuprofen for the treatment of temporomandibular joint osteoarthritis: a randomized double blind controlled 3 month clinical trial. J Rheumatol. 2001;28(6):1347–1355.
[4] Reginster JY, Deroisy R, Rovati LC, et al. Long-term effects of glucosamine sulphate on osteoarthritis progression: a randomised, placebo-controlled clinical trial. Lancet. 2001;357(9252):251–256.
[5] Pavelká K, Gatterová J, Olejarová M, Machacek S, Giacovelli G, Rovati LC. Glucosamine sulfate use and delay of progression of knee osteoarthritis: a 3-year, randomized, placebo-controlled, double-blind study. Arch Intern Med. 2002;162(18):2113–2123.
[6] Nakamura H, Masuko K, Yudoh K, Kato T, Kamada T, Kawahara T. Effects of glucosamine administration on patients with rheumatoid arthritis. Rheumatol Int. 2007;27(3):213–218.
[7] Black C, Clar C, Henderson R, MacEachern C, McNamee P, Quayyum Z, Royle P, Thomas S. The clinical effectiveness of glucosamine and chondroitin supplements in slowing or arresting progression of osteoarthritis of the knee: a systematic review and economic evaluation. Health Technol Assess. 2009 Nov;13(52):1-148. doi: 10.3310/hta13520. PMID: 19903416.
[8] joint remedies (glucosamine and chondroitin supplements). Consumer Reports. 2002;67(1)18–21.
[9] Bishnoi, M., Jain, A., Hurkat, P., & Jain, S. K. (2016). Chondroitin sulphate: a focus on osteoarthritis. Glycoconjugate Journal, 33(5), 693–705. doi:10.1007/s10719-016-9665-3.
[10] Schiraldi C., Cimini D., De Rosa M.: Production of chondroitin sulfate and chondroitin. Appl. Microbiol. Biotechnol. 87(4), 1209–1220 (2010).
[11] Reginster JY, Dudler J, Blicharski T, et al: Pharmaceutical-grade chondroitin sulfate is as effective as celecoxib and superior to placebo in symptomatic knee osteoarthritis: the ChONdroitin versus CElecoxib versus Placebo Trial (CONCEPT). Ann Rheum Dis 76(9):1537-1543, 2017. doi: 10.1136/annrheumdis-2016-210860.
[12] Mazie´res, B., Hucher, M., Zaim, M. and Garnero, P. (2007) Effect of chondroitin sulphate in symptomatic knee osteoarthritis: a multicentre, randomised, double-blind, placebo-controlled study. Ann Rheum Dis 66: 639645.
[13] Singh JA, Noorbaloochi S, MacDonald R, et al: Chondroitin for osteoarthritis. Cochrane Database Syst Rev 1:CD005614, 2015. doi: 10.1002/14651858.CD005614.pub2.
[14] Reichenbach S, Sterchi R, Scherer M, Trelle S, Bürgi E, Bürgi U, Dieppe PA, Jüni P. Meta-analysis: chondroitin for osteoarthritis of the knee or hip. Ann Intern Med. 2007 Apr 17;146(8):580-90. doi: 10.7326/0003-4819-146-8-200704170-00009. PMID: 17438317.
[15] Henrotin Y, Mathy M, Sanchez C, Lambert C. Chondroitin sulfate in the treatment of osteoarthritis: from in vitro studies to clinical recommendations. Ther Adv Musculoskelet Dis. 2010;2(6):335-348. doi:10.1177/1759720X10383076.
[16] Clegg DO, Reda DJ, Harris CL, Klein MA, O’Dell JR, Hooper MM, Bradley JD, Bingham CO 3rd, Weisman MH, Jackson CG, Lane NE, Cush JJ, Moreland LW, Schumacher HR Jr, Oddis CV, Wolfe F, Molitor JA, Yocum DE, Schnitzer TJ, Furst DE, Sawitzke AD, Shi H, Brandt KD, Moskowitz RW, Williams HJ. Glucosamine, chondroitin sulfate, and the two in combination for painful knee osteoarthritis. N Engl J Med. 2006 Feb 23;354(8):795-808. doi: 10.1056/NEJMoa052771. PMID: 16495392.

Autres sources :

[1] https://pubchem.ncbi.nlm.nih.gov/compound/Chondroitin

[2]  http://agence-prd.ansm.sante.fr/php/ecodex/rcp/R0309273.htm

[3] https://www.webmd.com/vitamins/ai/ingredientmono-744/chondroitin-sulfate

Auteurs:


 

DR. Ben Rejeb Charfeddine

MD , Nutritionist, Naturopathe, Fondateur Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN).

Chibani Salim

Chercheur en biologie moléculaire et cellulaire

Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN

A propos de DR BEN REJEB C 124 Articles
Gynécologue obstétricien , Nutritionniste, ,Naturopathe,Directeur de l’academie des sciences, Fondateur de l’école Panafricaine de Naturopathie, de Netschool1 , de UNIVERSIALIS , cofondateur EVE Fertility Center