Objectif : Illustrer les études scientifiques qui mettent l’accent sur la possibilité d’infertilité et d’atteinte des organes reproducteurs chez les femmes et chez l’homme en période Post COVID-19.
Le nouveau coronavirus (2019-nCoV), appelé encore le Sars-CoV-2 par le Comité international de taxonomie virale (ICTV), appartient à la famille Coronaviridae (sous-type Coronaviridae et genre βéta coronavirus). Plus de 4,5 millions de personnes ont été infectées dans le monde, dont près de 1,5 million aux États-Unis seulement. En octobre 2021, il y a eu environ, 244 millions de cas confirmés de COVID-19 et plus de 4,9 millions de décès dans le monde. Selon l’OMS, le SARS-CoV-2, comme le SARS-CoV-1, utilise l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) comme récepteur cellulaire principal afin de pénétrer dans la cellule hôte (ce récepteur qui se localise essentiellement dans les cellules épithéliales des poumons). Au niveau des cellules hôtes, l’infection cause la libération excessive de cytokines inflammatoires telles qu’interleukines 1, 6, 8, 17 et 1β, protéine-1 et facteur de nécrose tissulaire α TNF par les monocytes et les macrophages (ce sont des cellules du système immunitaire) : c’est la tempête inflammatoire. Cette complication entraîne le développement de lésions pulmonaires aiguës (ALI), syndrome de détresse respiratoire (SDRA), thrombose (coagulation du sang), hypotension, un dysfonctionnement de plusieurs organes (multiples organes dysfonction syndrome : MODS). Les infections COVID-19 peuvent laisser plusieurs séquelles conduisant à la fibrose pulmonaire, la fibrose cardiaque, la fibrose neurologique, c’est le syndrome POST covid [1].
Selon un article de type case report, réalisé un hôpital universitaire de Wuhan en Chine, et qui porte sur des nouveau-nés issus des mères qui ont été infectés par le Sars COVID-19. Les chercheurs ont découvert que Cinq nourrissons avaient des concentrations élevées d’IgG anti-covid et deux nouveau-nés avaient des anticorps IgM. Les IgM ne traversent généralement pas le placenta à partir du compartiment maternel vers le fœtus [2]. Dans une autre publication, des mères atteintes du SARS, un faible poids de naissance des fœtus et des anomalies a été observé dans les placentas de deux patients infectés par SARS-CoV. Les chercheurs ont supposé que les IgM détectées chez les nouveau-nés ont passé à travers le placenta anormal ou endommagé [3].
L’effet de l’infection à COVID-19 sur la fertilité et les résultats des techniques de procréation médicalement assisté comme la fivete est un sujet controversé.
Des articles de type case Report publiés en 2020 qui évaluent l’effet de syndrome post covid sur les paramètres de fertilité masculine (nombre de spermatozoïdes, mobilité des spermatozoïdes et autres paramètres). Les résultats ont montré des altérations morphologiques et structurales des spermatozoïdes (sénescence) 4 mois après l’infection [3,4]. Ces effets sont confirmés par la présence de marqueur d’infection virale (TMPRSS2) (protéase transmembranaire à sérine 2), qui est une protéine impliquée dans l’entrée du virus par les récepteurs ACE et l’activation de la protéine S virale dans le plasma de sperme. Ces lésions sont surtout présentes dans la période active de la maladie et dans les suites immédiates. Ainsi que l’infection COVID-19 peut altérer la spermatogenèse et la fertilité via une action directe (orchite) ou indirecte ( perturbation neuro-hormonal) comme souligné par plusieurs publications récentes.
Selon un article récent publié dans le journal de Fertility and Sterility et qui se base sur des analyses Transcriptomiques et protéomiques qui vérifient de la présence d’ARN de virus dans les cellules des organes reproducteurs : testicules, ovaires. Les chercheurs ont conclu que l’infection à Sars cov 2 ne provoque pas des effets nocifs à long terme sur les organes reproducteurs et la fécondation. Les résultats ont montré l’absence de l’ARN virale dans les cellules des testicules et des ovocytes, sachant que ceux-ci contiennent à leur surface les récepteurs d’enzyme de conversion d’angiotensine ACE. Les chercheurs ont affirmé que les techniques de procréations médicalement assistées comme la fivete sont sécuritaires et que le risque de contamination des spermatozoïdes pendant la cryoconservation est minimal [5].
Ce type d’études ou le nombre est très limité ne sont pas suffisants pour établir des conclusions définitives sur le sujet. Selon un Review publié dans le journal de Archives of italian andrology and urology et qui résume 35 articles. Les résultats ont montré qu’une seule étude a montré des signes inflammatoires au niveau des testicules chez 60.9%des patients en post infection. Ces dommages sont dus au stress oxydatif accompagné d’inflammation et l’attaque des cellules via les récepteurs ACE. La présence de virus dans le sperme a été découverte dans une seule étude, les auteurs de l’article affirment que ces résultats ne rétablissent pas la relation de cause à effet entre l’infection COVID-19 et l’infertilité masculine [6]. La transmission du COVID-19 par le sperme est très peu probable.
Points forts à retenir :
- Le COVID-19 est un virus de type beta coronavirus. Il provoque une infection grave des voies respiratoires en attaquant les cellules via les récepteurs ACE (récepteur enzyme de conversion d’angiotensine).
- Le covid19 provoque chez les personnes prédisposées des séquelles persistantes en post infection comme la fibrose pulmonaire, la fibrose cardiaque, la fibrose neurologique : Syndrome POST COVID-19.
- Les données de la littérature actuelle montrent que ce type d’infection peut engendrer une altération de la qualité et la quantité de sperme et des dommages au niveau de testicules (inflammation), toutefois ce type d’atteinte est illustré dans des cas isolés (case report).
- Les Review de littérature montrent que l’infection à COVID-19 ne provoque pas des effets nocifs à long terme sur les organes reproducteurs mâles et femelles. L’infertilité POST COVID-19 est possible à suivre…
- Les techniques de médecine de la reproduction sont sécuritaires (insémination, FIV) mais il est préférable de le faire loin de la période aiguë de l’infection.
Références :
[1] Bryan Oronsky 1, Christopher Larson 2, Terese C Hammond 3, Arnold Oronsky 4, Santosh Kesari 3, Michelle Lybeck 2, Tony R Reid 2 doi: 10.1007/s12016-021-08848-3. Online ahead of print. A Review of Persistent Post-COVID Syndrome (PPCS) Clin Rev Allergy Immunol . 2021 Feb 20;1-9.
[2] Zeng H, Xu C, Fan J, Tang Y, Deng Q, Zhang W, et al. Antibodies in infants born to mothers with COVID-19 pneumonia. JAMA 2020;323:1848–9.
[3] Olaniyan OT, Dare A, Okotie GE, Adetunji CO, Ibitoye BO, Bamidele OJ, et al. Testis and blood-testis barrier in Covid-19 infestation: role of angiotensin-converting enzyme 2 in male infertility. J Basic Clin Physiol Pharmacol 2020; 31. https://www. degruyter.com/view/journals/jbcpp/ahead-of-print/article-10. 1515-jbcpp-2020-0156/article-10.1515-jbcpp-2020-0156.xml (31 December 2020, date last accessed).
[4] Aitken RJ. COVID-19 and human spermatozoa-potential risks for infertility and sexual transmission? Andrology 2020; 9.
[5] Kate E.StanleyB.AaElizabethThomasB.A. aMeganLeaverM.Sc.aDaganWellsPh.D.ab Coronavirus disease-19 and fertility: viral host entry protein expression in male and female reproductive tissues Fertility and Sterility Volume 114, Issue 1, July 2020, Pages 33-43.
[6] Rocco Francesco Delle Fave 1, Giordano Polisini 2, Gianluca Giglioni 3, Arnaldo Parlavecchio 4, Lucio Dell’Atti 5, Andrea Benedetto Galosi 6 COVID-19 and male fertility: Taking stock of one year after the outbreak began Arch Ital Urol Androl . 2021 Mar 22;93(1):115-119. doi: 10.4081/aiua.2021.1.115
Auteurs
- DR. Ben Rejeb Charfeddine
MD , Nutritionist, Naturopathe, Fondateur Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN)
- En collaboration avec Chibani Salim Chercheur en biologie moléculaire et cellulaire.
