Pourquoi développant nous une addiction…

Objectifs :  

  • Comprendre la physiopathologie et les causes de l’addiction.
  • Mettre l’accent sur les options thérapeutiques de l’addiction et les causes de l’échec.

1- Définition de l’addiction :

L’addiction est une pathologie cérébrale caractérisée par une dépendance à une substance ou une activité particulière.  Les addictions sont classées en 2 catégories : l’addiction aux substances psychoactives telle que l’alcool, la nicotine, les drogues, les opioïdes qui se caractérisent par le désire de consommer quotidiennement une substance qui affecte   la biochimique du cerveau et engendre des troubles neuropsychiatriques.  Par contre l’addiction aux activités telle que les jeux vidéo, les rapports sexuels, les téléphones portables   possèdent une composante comportementale et une composante biochimique. [1]

Le comportement addictif entraine une dépendance qui a une influence sur l’équilibre émotionnel du patient. Et qui affecte aussi l’aspect social et les relations familiales…  

Prévalence : l’exemple des drogues en Amérique

Les dérivés méthylènedioxy de l’amphétamine et de la méthamphétamine constituent un groupe très particulier de drogues de synthèse. L’utilisation de (MDMA-ecstasy) 3,4-méthylènedioxyméthamphétamine est le plus répandu…  L’utilisation de drogues de synthèse est principalement rencontrée chez les jeunes hommes âgés de 15 à 25 ans qui sont disponibles souvent dans les clubs et les fêtes à la maison. [2]

En 1993, l’enquête du National Institute on Drug Abuse a rapporté que  2% de tous les étudiants américains ont consommé de la MDMA au cours des 12 mois précédents. [3]

L’addiction aux opioïdes : les opioïdes sont une classe de médicaments analgésiques, c’est-à-dire antidouleur. 

Selon un rapport publié sur le site Web du New England Journal of Medicine, environ 5 pour cent des adultes qui ne sont pas hospitalisées Aux États-Unis pratiquent un usage abusif des opioïdes,   il y a eu plus de 52 000 décès liés à un surdosage de médicaments, dont environ 65 % sont dus à la consommation d’opioïdes [4].

2-Pourquoi développant nous une addiction :

Les addictions peuvent avoir plusieurs facteurs en cause :

L’environnement social, le sexe, l’âge, la maturité cérébrale, et l’humeur, troubles psychologiques et biologiques

Certaines pathologies mentales comme la dépression et l’anxiété affectent négativement l’humeur ce qui poussent les malades de chercher   des substances exogènes pour booster leur état émotionnel.

Certaines troubles biologiques tels que la dysbiose intestinale (baisse de taux de bactéries probiotique dans les intestins)  entraine une baisse dans la production de la sérotonine intestinale et une baisse dans la biodisponibilité de la sérotonine cérébrale (l’hormone de bien être et de relaxation). Ce qui provoque une neuroinflammation qui affecte profondément la biochimie de cerveau et favorise le comportement addictif.  [5] 

L’environnement social et amical aussi joue un rôle dans le développement des addictions. Par exemple lorsque l’environnement familial et amical encourage la consommation de tabac. Ceci va augmenter par conséquence le risque d’addiction à la nicotine.

3-Physiopathologie de l’addiction :

Sur le plan neurobiologique les substances et les activités addictives affectent notre système nerveux essentiellement les neurotransmetteurs et leurs récepteurs : telle que les la sérotonine (l’hormone de bien être) et la dopamine  (l’hormone de joie, d’excitation et de récompense).

Certaines substances affectent le dynorphine A (DYN)  (C’est un neurotransmetteur peptidique qui agit sur des récepteurs spécifiques pour produire des effets relaxants et antidouleur similaire à  la morphine) et de récepteurs opioïdes K (KOPr) (Ce système est présent dans tout le cerveau et la moelle épinière.  Ces récepteurs régulent l’humeur et la motivation grâce aux neurotransmetteurs dopaminergiques et glutaminergiques.[6], [7]

Certaines substances comme le THC de cannabis affectent les récepteurs à cannabinoïdes CB1 ET CB2.

Le récepteur CB1 se trouve principalement dans le cerveau dans le système limbique responsable des émotions. Alors que récepteur CB2 se trouve à la surface des cellules immunitaires. Les substances continuent dans le cannabis stimulent ces récepteurs et entrainent des effets euphorisants et relaxants. En plus il a été démontré que la consommation excessive de cannabis entraine l’activation des récepteurs CB1 au niveau de du cortex et l’hippocampe impliqué dans la mémorisation et le comportement addictif.

Certaines drogues comme la cocaïne affectent le recaptage et la transmission des neurotransmetteurs comme la sérotonine au niveau des synapses   ce qui entraine une sensation d’euphorie et de relaxation immédiate. [8]

La nicotine continue dans le tabac se fixe au niveau des récepteurs à dopamine et stimule la libération de la dopamine ce qui donne un coup d’énergie et une amélioration de l’humeur.

Sur le plan moléculaire les études chez les rats montent que les substances addictives augmentent le niveau des facteurs de transcriptions impliqués dans la mémorisation et la formation des habitudes dans le cerveau comme : Erk, AMKPC,   Fos. 

4- Les principes thérapeutiques :

La prise en charge d’une addiction est obligatoirement pluridisciplinaire.  Et elle se focalise principalement sur le support social, les thérapies de groupe. (thérapie cognitive comportementale). Les thérapies psychosociales. En plus Plusieurs traitements pharmacologiques sont disponibles.

L’objectif principal de traitement de l’addiction est la réduction de l’envie/besoin de consommer la substance et de diminuer les risques liés à l’addiction comme la toxicité de la substance addictive et les dommages au niveau des organes lié à l’addiction comme les dommages au niveau du foie et au niveau de cerveau.

La prise en charge psychologique vise à modifier en profondeur le comportement et l’hygiène de vie, du patient et donner des conseils pour équilibrer la diététique et mettre en place une activité sportive régulière.

La dernière étape de traitement psychologique est l’insertion sociale du patient et son encouragement dans le processus d’acquisition de nouvelles compétences sociales et relationnelles.

Le traitement pharmacologique est subdivisés en 2 types :   les médicaments de sevrage et les médicaments de remplacement.

Exemples de médicaments de sevrage :

  • La dépendance à l’alcool est traité par disulfiram, naltrexone, and acamprosate [9].
  • La dépendance au tabac est traité par bupropion and varenicline [10].
  • La mirtazapine ou le nefazadone sont utilisées pour le sevrage de cannabis  [11].
  • Le topiramate, un antiépileptique et le disulfirame sont utilisé pour le sevrage de la cocaïne.

Exemples de médicaments de remplacement :

Le patch et les gommes de nicotine (4 mg de nicotine par dose) pour le sevrage tabagique. Il a été démontré que les traitements pharmacologiques utilisés en conjonction avec les conseils et l’empathie d’un médecin améliorent l’efficacité du traitement et diminuent les chances de rechute  [12].

5- les causes d’échec :

L’échec de sevrage à une substance peut avoir plusieurs causes qui peuvent être subdivisé en causes personnelles, causes socioéconomiques, causes médicales :

Les principales causes personnelles sont :

  • Ne pas consulter un médecin traitant en cas d’apparition de signes de sevrage : anxiété, nervosité, troubles de sommeil, envie et désir d’utiliser la substance addictive.
  • Une hygiène de vie non adaptée aux objectifs de sevrage.
  • Avoir une diète alimentaire non équilibrée.
  • L’absence d’un soutient familial et social (isolement social).
  • Avoir un statut martial célibataire. 
  • L’absence d’un plan organisé de sevrage qui inclue des thérapies psychologiques, les consultions médicales, le traitement pharmacologique de sevrage et / ou de remplacement.

Ne pas savoir comment gérer ces émotions par d’autres moyens naturels tels que la respiration, la méditation et le sport.

D’autres facteurs socioéconomiques peuvent augmenter la chance de rechute comme :

  • L’absence de l’éducation.
  • Ne pas Avoir une profession : agent chômeurs, sans activité.
  • Faible niveau socioéconomique.

Facteurs médicaux :

  • Présence de comorbidités avec d’autre maladies psychiques comme : l’anxiété, la dépression, la schizophrénie.
  • Avoir des coaddictions : alcool et tabac par exemple.

Points forts à retenir :

  • L’addiction est une pathologie cérébrale caractérisée par une dépendance à une substance ou une activité particulière.

  • Les substances addictives affectent la biochimie de cerveau en affectant les neurotransmetteurs telle que les la sérotonine (l’hormone de bien être) et la dopamine  (l’hormone de joie, d’excitation et de récompense).

  • La prise en charge d’une addiction est obligatoirement pluridisciplinaire. Elle inclut la prise en charge psychologique, sociale, pharmacologique par l’intermédiaire des médicaments de sevrage et de remplacement.

  • L’échec de sevrage d’une substance addictive peut avoir plusieurs causes : socioéconomique, personnelles (manque de motivation et de discipline).  Ou médicales (avoir des co-addictions ou d’autres troubles psychiatriques en parallèle).

 Références :

[1] Grant JE, Potenza MN, Weinstein A, Gorelick DA. Introduction to behavioral addictions. Am J Drug Alcohol Abuse. 2010 Sep;36(5):233-41. [PMC free article] [PubMed] [Reference list].
[2] Christophersen AS. Amphetamine designer drugs – an overview and epidemiology. Toxicol Lett. 2000 Mar 15;112-113:127-31. [PubMed] [Reference list].
[3] Weaver MF, Hopper JA, Gunderson EW. Designer drugs 2015: assessment and management. Addict Sci Clin Pract. 2015 Mar 25;10:8. [PMC free article]. [PubMed] [Reference list].
[4] Perspective Robert J. Blendon, Sc.D., and John M. Benson, M.A. The Public and the Opioid-Abuse Epidemic List of authors.
[5] Published online 2015 Jul 16. doi: 10.1016/j.pnpbp.2015.06.013 The Role of the Gut-Brain Axis in Alcohol Use Disorders Jonathan Gorky and James Schwaber, PhD* Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2016 Feb 4; 65: 234–241.
[6] Shippenberg TS, Zapata A, Chefer VI. Dynorphin and the pathophysiology of drug addiction. Pharmacol Ther. 2007 Nov;116(2):306-21.
[7] Volkow ND, Fowler JS, Wang GJ. The addicted human brain: insights from imaging studies. J Clin Invest. 2003 May;111(10):1444-51.
[8] REVIEW Cocaine and the nervous system Int J Clin Pharmacol Ther Toxicol 1993 Dec;31(12):575-81. A Prakash 1, G Das.
[9] Gatch MB, Lal H. Pharmacological treatment of alcoholism. Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 1998 Aug;22(6):917-44.
[10] Aubin HJ, Luquiens A, Berlin I. Pharmacotherapy for smoking cessation: pharmacological principles and clinical practice. Br J Clin Pharmacol. 2014 Feb;77(2):324-36.
[11] Christina A Brezing1,2,* and Frances R Levin1,2 The Current State of Pharmacological Treatments for Cannabis Use Disorder and Withdrawa Neuropsychopharmacology. 2018 Jan; 43(1): 173–194.
[12] Aubin HJ, Luquiens A, Berlin I. Pharmacotherapy for smoking cessation: pharmacological principles and clinical practice. Br J Clin Pharmacol. 2014 Feb;77(2):324-36.

Auteurs :


 

  • DR. Ben Rejeb Charfeddine

         MD , Nutritionist, Naturopathe, Fondateur Ecole Panafricaine de Naturopathie Holistique Integrative (EPN)

  • En collaboration avec  Chibani Salim Chercheur en biologie moléculaire et cellulaire.
A propos de DR BEN REJEB C 124 Articles
Gynécologue obstétricien , Nutritionniste, ,Naturopathe,Directeur de l’academie des sciences, Fondateur de l’école Panafricaine de Naturopathie, de Netschool1 , de UNIVERSIALIS , cofondateur EVE Fertility Center